Cécile RAVANEL : « Je me suis découverte un rôle d’entraîneur au sein du Team »


9 mois après une chute qui aurait pu lui coûter très cher, Cécile RAVANEL retrouve peu à peu la forme et surtout, son vélo.
Présente comme chaque année lors du Roc d’Azur, nous en avons profité pour faire un point sur sa situation et celle de son Team.
Entretien.

COMMENCAL : Comment vas-tu ?

Cécile RAVANEL :
Ça va beaucoup mieux.
Evidemment, ça n’ira jamais aussi vite que je le souhaite, mais je suis quand même contente de l’évolution de mon état.
On m’avait annoncé plus d’un an avant de retrouver un semblant de forme.
Je peux marcher, faire du sport, du vélo… Donc il y a quand même un peu de positif !

C : As-tu pu reprendre l’entraînement ?

CR : C’est assez délicat.
Je peux reprendre les séances de sport pour retrouver la forme.
Je fais de la musculation et du physique quand je me sens bien, mais je suis extrêmement fatiguée les heures et les jours qui suivent.
C’est assez frustrant pour l’instant car je n’ai toujours pas la possibilité de reprendre un entraînement régulier, ne serait-ce que pour prendre de la force.
Ça m’empêche d’avoir une vision à long terme pour fixer une date de retour à la compétition.

C : As-tu eu l’occasion de monter sur un vélo ?

CR
: J’ai réellement roulé pour la première fois lors de la manche des Crankworx de Whistler, en août.
Depuis, je roule de temps en temps, à mon rythme, avec les jeunes que j’encadre dans la région de Fréjus ou en eBike.
C’est encore difficile physiquement, mais je prends mon temps.


"Je ne veux pas presser les choses"



C : As-tu une date en tête pour un éventuel retour à la compétition ?

CR
: Quoi qu’il arrive, les médecins m’ont interdit d’un retour à la compétition avant février.
On verra d’ici là, ça laisse le temps de voir les choses.
Même si j’ai tous les jours envie de rouler et que la compétition me manque énormément, je ne veux pas presser les choses.
Une chute arrive vite, et elle pourrait largement aggraver la situation.
J’ai perdu un point de flexion dans la colonne vertébrale, ce serait donc hyper risqué de chuter une nouvelle fois.
Je n’ai plus grand-chose à prouver en Enduro World Series, ce serait prendre beaucoup trop de risques inutilement.
Mon physique et ma santé, je les connais. Je sais également à quel niveau je dois être pour un éventuel retour à la compétition.
Il ne faut prendre aucun risque.

C : Comment as-tu vécu cette saison en dehors des pistes ?

CR : Lors des deux premières manches des Enduro World Series, je n’étais vraiment pas en grande forme.
C’était difficile, je n’imaginais évidemment pas pouvoir monter sur un vélo.
J’étais simplement heureuse de pouvoir accompagner mon Team et être au plus près d’eux pour les suivre.
C’est devenu plus compliqué lors de la manche de Madère (début mai).
Je n’avais plus de corset, j’étais beaucoup plus autonome mais à la fois, je ne pouvais toujours pas rouler.
Je devais donc rester sur le stand et attendre.
Même si je participais à la vie du Team, j’avais réellement la sensation d’être inutile.
A Canazei (Italie, fin juin), j’étais toujours interdite de rouler, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’accompagner quelques kilomètres Antoine et Cédric avec mon eBike.
Ce petit tour m’a fait un bien fou et en même temps, il m’a tellement fatigué.
J’ai compris que la route était encore longue.


"C’était génial de vivre cette nouvelle saison tous ensemble"


C : Tu es déjà coach en dehors de la compétition, est-ce que ça a joué un rôle dans ta vie avec le Team cette saison ?

CR
: Il est vrai que plus les manches passaient et plus je me suis découverte un rôle d’entraîneur au sein du Team.
J’étais là pour fixer les objectifs, gérer les reconnaissances, les avant courses etc…
Le fait de les accompagner partout et de pouvoir suivre une saison d’un point de vue différent est très appréciable.
J’étais 100% focus sur le Team, même lorsque les gars étaient en course.
Pour donner une idée, je n’ai absolument pas suivi les résultats chez les femmes cette année.
Après, tout ça ne s'est pas fait tout seul, il m’a quand même fallu un temps d’adaptation.

C : Le Team a réalisé une saison incroyable, comment l’avez-vous vécu ?

CR
: C’était génial de vivre cette nouvelle saison tous ensemble. Les résultats du Team nous ont encore apporté une grande visibilité, surtout avec l’éclosion d’Antoine qui a fait énormément parler.
Notre seul regret, c’est de se dire que si j’avais couru toute la saison, on aurait pu remporter le classement général par équipe des Enduro World Series.
Gagner un trophée collectif, il n’y a rien qui puisse apporter plus de joie.
Mais c’est comme ça, le Team va toujours de l’avant quoi qu’il arrive.

C : Justement, après la saison exceptionnelle d’Antoine VIDAL, comment le Team voit les choses pour la saison prochaine ?

CR : C’est vrai que les performances qu’il a réalisées cette saison sont incroyables, surtout quand on sait que cette année était la première où il suivait réellement un programme d’entraînement.
Il est rentré plusieurs fois dans le Top5 ou Top10 scratch, on s’est demandé s’il ne fallait pas essayer de le faire courir dans la catégorie Elite…
Mais il va rester au moins une année de plus chez les U21, il ne faut pas qu’il perde cette vitesse et la motivation qu’il a.
Cette année, il a eu beaucoup de déplacements entre les Enduro World Series et les Coupe du Monde de DH auxquelles il a participé.
En passant dans la catégorie Elite, il pourrait avoir un coup de mou ou de fatigue.
Nous pensons qu’il vaut mieux qu’il confirme cette année dans sa catégorie et qu’il engrange encore de l’expérience et de la confiance.

C : Quels sont les objectifs de la saison ?

CR
: Pour Antoine (VIDAL), l’objectif sera évidemment de remporter le classement général des Enduro World Series dans sa catégorie, en gagnant un maximum de manche et en se rapprochant le plus possible des Elites. Pour la DH, il participera à une ou deux manches bien ciblées pour l’entraînement et le plaisir.
Ces manches de DH seront stratégiques, le calendrier tombe très mal cette année et il courra chez les Elites dans cette discipline.
Il aura donc beaucoup plus de pression pour les manches de qualifications etc… Il ne doit pas oublier que la DH n’est qu’un bonus pour lui, ça doit rester un plaisir.
Quant à Cédric, il ne sait pas encore s’il courra ou non. 
En ce moment, il est surtout entrain de tout préparer pour la saison prochaine : les déplacements, les courses, le matériel…
Il passe la majorité de son temps sur l’ordinateur et n’a pas encore pensé au côté sportif (rires) !

C : Que peut-on vous souhaiter pour la saison prochaine ?

CR
: Qu’on s’amuse, qu’on s’amuse et qu’on s’amuse ! ;)